5 choses apprises en école de commerce… que j'ai appris à désapprendre

Dans cette tribune publiée au journal Les Echos Start,  Alizée Lozac'hmeur, lauréate 2024 du TOP35 des leaders positifs de Positiv, tout droit sortie d’HEC, s’exprime au sujet des nouveaux fondamentaux qu'elle s'est construits en confondant la communauté makesense.

C'est la phrase culte de mes études : apprendre à oser. Une incantation à se lancer, à entreprendre, à y aller. Cette signature plaquée un peu partout sur les portes des amphis, les plaquettes ou même les timbres collector a fini par me pousser à entreprendre. On m'a appris, j'ai osé.

C'est ainsi qu'il y a 10 ans j'ai cofondé l'incubateur de makesense avec Christian, Léa et Coralie. Ensemble, nous avons osé.

Grâce aux entrepreneuses et entrepreneurs accompagnés, j'ai appris. J'ai appris qu'il fallait avant tout oser désapprendre ce qu'on m'avait enseigné pour réinventer d'autres modèles.

On m'a appris que la mission d'une entreprise était de maximiser les profits pour les actionnaires.

Les « C'est qui le patron », « Label Emmaüs » ou encore « Biocoop » m'ont montré que l'entreprise pouvait chercher à maximiser son utilité pour la société et pour la planète, tout en trouvant un modèle économique viable pour le faire.

On m'a appris que le monde était un marché sur lequel règne la compétition…

…et que l'objectif est d'être le plus gros. Avec Ulteria, j'ai compris que la coopération était toujours plus vertueuse à long terme et que notre économie se devait d'être circulaire et à taille humaine.

On m'a appris qu'on ne pouvait pas vivre sans croissance (du PIB).

J'ai rencontré plein d'entrepreneurs qui cherchaient au contraire à réduire - réduire les gaz à effet de serre (K-ryole), la pollution des sols (Toopi), l'exclusion (Roger voice) ou les inégalités (Tirelires d'avenir).

On m'a appris que la libre concurrence était la règle d'or.

Avec les coalitions « Mouvement Impact France » ou « En Mode Climat », j'ai compris que si les marchés ne sont pas encadrés par des normes et des règles, on donne une « prime au vice » et on ne récompense pas la vertu sociale et écologique.

On m'a appris que le pouvoir était aux mains des actionnaires.

Chez jobs-that-makesense, on a prouvé qu'on pouvait le répartir autrement dans un modèle moins lucratif, plus coopératif et tout aussi performant.

En 10 ans, j'ai découvert les noeuds - toujours plus nombreux - d'un système économique malade. À travers leurs projets et leurs organisations, je me suis rendu compte qu'il était possible de transformer ce système qui marche à l'envers pour le reconstruire à l'endroit. Et à travers leurs multiples défis, j'ai aussi vu à quel point la résistance au changement était forte.

« Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter ». C'est ce que nous faisons. Depuis 10 ans, nous questionnons les schémas du fonctionnement de l'économie, les lois du marché, de la concurrence et de la course à la croissance. Nous apprenons à penser la complexité et à raisonner en système pour entreprendre dans le bon sens. Aujourd'hui, pour les entrepreneurs et entrepreneuses à impact que nous sommes, le monde n'est plus un espace à conquérir ou un marché sur lequel assouvir des besoins plus ou moins réels. Le monde est un espace à préserver, à régénérer et à transmettre.

Nous ne cherchons pas à être les nouveaux héros des temps modernes. Nous sommes des bâtisseurs et bâtisseuses au service du collectif, les serviteurs de nos sociétés, des gardiens et gardiennes des limites planétaires. Notre objectif est de créer d'autres richesses : celles des communs, du lien, de l'amour et de la paix.

Nous sommes engagés, authentiques, vulnérables, fédérateurs et profondément convaincus qu'une autre économie est possible. Ensemble, nous continuerons à oser.